Impossible de me souvenir. Pourtant j’ai essayé. Je les ai regardées longtemps. Je les ai lues et relues. Sous tous les angles. Je les ai caressées longtemps avant de les garder jalousement contre ma poitrine et mon ventre. Puis je les ai couvées dans les miennes. Si longtemps que la transpiration nous collait à la peau, moite et brillante à la faible lueur de la lune qui peinait à traverser le feuillage de la cime des arbres.
Ses mains je les ai aimées, je les ai chéries, je les ai adorées.
Quand, maladroitement, timide et gênée, elle les plaçait sur mes hanches pour m’embrasser. Quand, le regard si fuyant que je ne pouvais pas voir ses yeux plus d’une seconde, elle tentait de prendre la mienne, avec autant d’appréhension et de peur de ne pas la trouver sous ses doigts. Comme si le fait que j’accepte de la toucher, de la regarder, de l’aimer, était une chose si irréaliste, si incroyable, qu’elle ne parvenait pas à comprendre que c’était possible. Comme si j’étais la plus belle créature du monde, qu’on n’oserait même pas regarder à distance par peur de s’y brûler les yeux.
C’était faux, évidemment. Je n’étais pas belle. Je n’étais pas de ces créatures-là. Mais pour elle, je l’étais. C’était pour moi tout aussi intimidant de me sentir avoir une telle importance.
Et pourtant c’était elle à mes yeux, la déesse, la belle, la plante sauvage qui n’écoute que son instinct, cette beauté fauve et brute qui me laisse plantée là d’admiration. Je n’ai pas vraiment de type de fille, mais si j’en avais eu un ça serait celui-là. Le type de fille qui en une rencontre te laisse des souvenirs à vie.
Alors pourquoi donc ses mains avaient soudain disparu de ma mémoire ?
Je ne craignais qu’une seule chose, c’est que le reste finisse aussi par se perdre à jamais. Si ça commence par les mains, cela continuera par les bras, les coudes, les épaules, la nuque, le crâne, les oreilles, le nez, les yeux, les seins, le ventre, les hanches, les jambes, les pieds, le sexe et le reste. Je ne voulais pas oublier tout cela. Car la disparition physique ne ferait alors que précéder la disparition totale et définitive, sans même réaliser avoir perdu la chose la plus précieuse qu’on n’ait jamais eu.
Je ne voulais pas oublier. Je ne savais pas si je la reverrais un jour, ou jamais. Mais et si je ne la revoyais jamais, je ne voulais pas l’oublier.
Je ne voulais pas rester orpheline de la plus belle fille qu’il m’ait été donné d’étreindre dans mes bras.
]]>Nous étions couchées toutes deux sur le côté, tu me tournais le dos, et pendant qu’avec mes mains je caressais doucement ton dos, immense et maigre, je fourrais me tête entre tes fesses. Ton corps se cabrait en rythme à chaque coup de ma langue sur tes lèvres, sur ton anus, ton clitoris. Tu suintait de ma salive et j’avais du mal à garder mon calme et ma patience, en essayant de ne pas penser à la douleur lancinante qui venait dans ma langue et ma mâchoire, ouverte depuis si longtemps à œuvrer à ton plaisir.
Je ne pouvais pas te voir, mais j’entendais, et je sentais que dans les murmures de ton souffle tu pleurais. Tu pleurais et tu souriais, face au mur, les yeux fermés. Alors sans raison j’ai commencé à penser à la mort. À cette fable ridicule. À cette délirante mise en scène de la disparition. À ce scabreux spectacle de l’enterrement. À cette arnaque généralisée de l’inhumation.
C’est le summum de notre ridicule société. C’est à un moment aussi important que se manifestent tout ce que la terre compte de parasites : notaires, huissiers, flics, fonctionnaires et commerciaux des pompes-funèbres. Quel triste monde que celui où il faut penser de son vivant à prendre une assurance pour sa mort. Car la mort coûte si cher qu’il faut s’assurer que l’on pourra être enterrée ou brûlée à ses propres frais. Sans quoi la charge financière reviendra aux proches, à la famille, à celles qui pourraient se retrouver à la rue, leurs biens saisis, leur compte en banque vidé, tout ça pour payer de tristes cimetières, d’inutiles tombes et cercueils. Autant d’artifices d’une tradition que les vivants imposent aux morts, qui n’ont rien demandé de plus que pourrir tranquillement dans les entrailles de la terre.
Je pensais à tout cela. Au plaisir que je pourrais ressentir si seulement on me laissait être enterrée au pied d’un arbre, à pourrir et servir d’engrais à ces racines. De cette manière je me sentirais immortelle en quelque sorte, car mon corps serait recyclé dans l’arbre, créature noble s’il en est, puis quand il mourrait à son tour d’autres arbres se nourriraient de son cadavre pour vivre, et ainsi de suite dans une boucle éternelle jusqu’à ce que la Terre disparaisse. Qui peut espérer meilleure mort ? Qui peut prétendre au paradis, à la vie éternelle, à la réincarnation et autres sottises quand l’éternité nous tend déjà ses racines ? Quand le simple fait de mourir et pourrir nous offre le seul moyen de nous intégrer au cycle infini et naturel de la vie ?
Mais non il faudra que nous soyons enfermées dans un cercueil étanche et scellé, bourré de produits chimiques et toxiques, qui ne devra pas pourrir avec nous dedans avant au moins quelques dizaines d’années. Et seulement après l’accord de la flicaille de nous enterrer. On sait jamais, des fois qu’on ait besoin de nous ressortir de là-dessous pour nous poser une dernière question ! Et même si on veut être cramé, histoire d’encore polluer l’atmosphère, même une fois crevé comme un vieux pneu de voiture foutu qui dans une gerbe de fumée noire dirait « MERDE » à l’humanité restante qui n’aura qu’à bouffer le mercure des rivières et l’uranium des centrales. Même si on veut partir en fumée il faut payer un cercueil qui sera brûlé avec nous. Une dernière occasion de prouver la stupidité de notre monde : fabriquer un cercueil pour qu’il soit brûlé.
Je pensais à tout ça, je pensais à mon arbre, celui sous lequel j’aimerais bien reposer de ce sommeil éternel, bouffée par les vers de terre. Je m’imaginais en grand chêne majestueux, avec de larges racines et un tronc ample qui invite à reposer son dos contre, sous l’abri de ses feuilles, quand il pleut ou que le soleil nous agresse. Je t’imaginais toi, allongée sous mon chêne, et déposer un baiser sur ton front dans un souffle de vent, le sourire aux lèvres, enfin paisible, à jamais.
Et puis tu as jouis. Tu t’es roulée en boule, tu as serré ma tête entre tes cuisses. Tu m’as regardée, de là-bas, si loin, par-delà ton ventre et tes seins qui se gonflaient par saccades, le souffle coupé. Je sentais ton cœur battre à travers tes cuisses et mes tempes. Tu m’as souris en passant ta main dans mes cheveux. Nous nous sommes endormies comme cela. Et plus rien d’autre n’avait d’importance. La mort pouvait bien attendre. Les cercueils. Les notaires. Les huissiers. Les familles éplorées. Seules importaient tes larmes, ton sourire et ton regard apaisé sur moi.
]]>
Un humain de plus
Dans un monde de chien
Une place de moins dans le bus
Depuis qu’elles sont mères
Je vois plus mes copines
On ne lèche plus les vitrines
Je me dis que c’est normal
Ça devait arriver
Depuis le temps qu’elles en parlaient
Leurs mecs sont aux anges
Ils bombent le torse
Tu parles d’un tour de force !
Un humain de plus
Dans un monde de chien
Une place de moins dans le bus
Fini les soirées à refaire la terre
À se mettre la tête à l’envers
La révolution attendra un peu
Y’a un biberon sur le feu
Ils me disent souvent
Que je peux pas comprendre
Qu’à l’évidence il faut se rendre
Moi je dis...
Un humain de plus
Dans un monde de chien
Une place de moins dans le bus
Je suis la bête curieuse
Celle qui n’en a pas
Et qu’on se demande bien pourquoi
Mes amies me disent
Que si j’attends encore
Je suis bonne pour un labrador
Moi je les emmerde
Même si je sais très bien
Ce qui m’attends au bout du chemin
Une vieille dame de plus
Dans un monde de chien
(Baby Blues, La Crevette d’Acier)
]]>Ce que j’aime chez toi c’est quand tu n’es pas là. Que je me sens libre. Que j’invite mes amies, mes maîtresses, et parfois même des hommes. Quand tu reviens, que tu vois les taches sur les draps et que tu ne comprends pas.
Ce que j’aime chez toi c’est ta laideur. Tu n’en trouvera jamais d’autre que moi, personne n’en voudrait, d’une fille comme toi. Pas même un garçon. Et tu le sais bien. Parfois tu reviens pleurer sur mes seins et je t’engueule. Je trouve que je suis déjà assez bien gentille avec toi. De te laisser dormir avec moi. De te laisser faire le ménage et la vaisselle pendant que je suis sortie.
Ce que j’aime chez toi c’est savoir que je n’ai pas besoin de toi, mais toi de moi. Tu sais que tu es dépendante, que je suis la seule, la pire et la meilleure, de tes amies, de tes amantes. Je suis ta famille, tes relations sociales au grand complet. Tu es tellement effrayée à l’idée de la solitude que tu acceptes sans remuer tout ce que je veux, tous mes caprices, mes colères, les coups et les insultes.
Ce que j’aime c’est quand je fait semblant de pleurer quand une fille que je baisais ne veux plus me voir. Tu viens me réconforter et je t’envoie chier, et je me sens en extase.
Ce que j’aime chez toi c’est que je ne t’aime pas en fait.
Alors pourquoi est-ce que je me sens si seule depuis que t’es partie ?
]]>L’image que j’ai de moi, que je veux renvoyer aux autres, est bien différente de celle que j’ai réellement. C’est comme si j’étais aux commandes d’un navire : je vois tout, j’entends, je contrôle, mais quand l’eau me renvoie mon reflet, je ne me vois pas. Je dois être quelque part, là derrière un hublot minuscule dans cet immense vaisseau. La personne que je pense être, ou du moins que je crois être, est bien plus complexe que ce qu’on peux en voir. Ce visage me semble trop simple, trop lisse, et n’illustre en rien tout ce que je suis, c’est comme une minuscule façade derrière laquelle se cacherait une immense maison, des kilomètres de couloirs, de jardins.
Je suis une ville entière, une mégalopole, un pays, un continent. Mais personne ne peut s’en aperçevoir tant qu’on n’ouvre pas les volets de sa curiosité.
Voilà pourquoi je ne me dessine pas. Car je prendrais toute la page. Toutes les pages. J’occuperais tout l’espace disponible, et je trouverais ça encore trop petit.
]]>C’est cela qui me manque de toi. Tu me rendais folle. Je ne me contrôlais plus. J’étais dingue de toi, littéralement, j’aurais pu faire n’importe quoi, n’importe quand. Et toi tu étais si timide, si réservée, j’aurais voulu te faire sortir de ta carapace, te montrer à quel point le monde est beau et que tirer les rideaux et s’enfermer derrière est un non-sens, mais tu n’osais pas.
La nuit, je te retrouvais prostrée, en boule, dans le canapé, en train de sangloter. Parfois dans ces moments tu me racontais des morceaux de ta vie, dont je me sentais étrangère, ne pouvant ne serait-ce que comprendre ce que cela pouvait signifier pour toi, ce que cela pouvait provoquer. Je n’ai pas non plus eu une enfance facile, j’ai perdu ma famille, j’ai affronté des tempêtes, mais j’en suis toujours ressortie plus forte. Alors je n’ai jamais compris pourquoi cela n’était pas pareil avec toi, pourquoi à chaque tempête tu perdais de la force, pourquoi chaque ouragan te laissait en charpie et que tu mettais si longtemps en convalescence. Je me disais simplement que nous n’avons pas tous la même réaction face aux événements.
Ce n’est que plus tard que j’ai compris que ma soi-disante force n’était qu’une carapace en céramique, qui se fendillait un peu plus à chaque lame de fond et pour qu’au final une seule petite vague la brise et me laisse nue face au monde extérieur, face à mon passé, ma douleur, mon chagrin, et mes regrets.
Mais avec toi, j’aurais pu résister, j’aurais pu durer plus longtemps, j’aurais pu continuer de jouir sans entrave, la bouche ouverte, les yeux écarquillés et le sexe humide de ta salive. Car plus rien n’avait d’importance. Plus rien.
]]>On ne s’était plus revues depuis la rupture, il y a presque dix ans maintenant. Autant dire que ça faisait un sacré bout de temps. En presque dix ans il s’en passe des choses. Moi j’avais déjà eu le temps de faire le tour du monde une ou deux fois et remplir ma tête de la poésie des visages rencontrés. Elle n’avait eu que le temps de se marier et divorcer, sans jamais quitter sa ville natale. Nos rêves d’antan étaient bien loin.
En me voyant, elle me prit dans ses bras. Elle me dit que je n’avais pas changé. Que j’avais toujours dix-sept ans.
Malheureusement je ne pouvais pas en dire d’elle. A peine d’un an mon aînée elle semblait avoir pris des dizaines d’années d’un coup. Son visage était creusé par la fatigue et laissait transparaître l’aigreur des années perdues à se battre contre le vide et la solitude d’une vie résignée. Pourtant d’habitude c’était plutôt moi que la solitude pourchassait.
Tout ce qu’elle me disait était sérieux, empreint de gravité et de lourdeur. Je ne pouvais pas la reconnaître, mais en même temps je n’étais pas si étonnée de la voir comme cela, c’était au final plutôt prévisible. Mais ça ne diminuait pas pour autant le choc de voir quelqu’un que j’ai aimé si longtemps, si fortement, une fille qui était si pleine de vie, être devenue une telle montagne d’aigreur et de résignation.
Tandis que je lui racontais ce qu’il se passait dans ma vie maintenant, elle sourait. Quand j’eut terminé, elle me dit simplement « Tu es toujours comme une adolescente, tu ne te soucie pas de ta vie, de l’avenir, tu es toujours immature ». Dit avec un tel ton de reproche, j’accusa le choc, avala ma salive et m’abstint de répondre.
Celle que j’avais aimée avait disparue, étouffée par cette femme perdue, triste et aigrie de ne savoir sortir de chez elle pour voir le monde.
Je suis comme une adolescente, oui. Et alors ? Je préfère être adolescente par mes idées et ma vie libre, qu’être vieille par ma résignation et ma peur des autres.
]]>On a tous des blessures amoureuses, alors à quoi bon décrire celle-ci, une de plus ? Ce ne sont que des larmes en supplément, une histoire stupide de perte de confiance, de mensonge et d’hypocrisie. Une fable inutile sur les déceptions amoureuses, sur partager sa vie avec une personne qui n’y portait que peu d’attention. Sauf que tout ça on ne le réalise qu’après que ça soit terminé, après s’être demandée pendant des mois ce qu’on avait pu bien faire de mal pour se retrouver ainsi, seule. L’amour rends vraiment aveugle. Bon ce que je raconte peut paraître un peu cliché et facile, mais c’est vrai. C’est hélas, tristement et complètement, vrai.
Alors ces jours-ci, pour me consoler, je pense à Софья, la jolie brune de l’anniversaire de Gwen. Je sais que je ne la reverrais probablement pas, mais rêver, c’est toujours mieux que déprimer, non ?
Alors si vous voulez bien… Venez danser, une dernière fois, prenez ma main, prenez mon bras. Venez danser, encore une fois, souvenez-vous, souvenez-moi. Accordez-moi une dernière chance…
]]>Prenons un exemple simple, mais ô combien complexe. Il y a quelques temps à la soirée pour l’anniversaire de Gwen, je rencontre une jolie fille, charmante, à la conversation intéressante, bref une mignonne petite brune que j’aurais bien aimé revoir. Entourée par mes ami-e-s, j’obtint le courage d’engager la conversation avec elle, ce qui est d’ordinaire assez rare de ma part vu ma timidité. Il faut avouer que c’était loin d’être mon pire début.
Sauf que ! Un peu plus tôt dans la soirée j’avais été un peu trop sympathique avec une autre inconnue, en écoutant son discours peu intéressant, mais en étant tout de même à l’écoute et en partageant un peu de tendresse comme j’ai l’habitude de le faire avec mes amies d’habitude. Du coup elle s’est vite attachée à moi, sans que je comprenne trop pourquoi.
Et profitant que la jolie brune au regard qui émoustille (remarquez comme j’adore aujourd’hui utiliser un vocabulaire très prout-prout, pas d’inquiétude c’est relativement rare pour moi). Donc pendant que la jolie brune fut occupée peut-être vingt ou trente minutes à discuter avec son ex (dieux du ciel ! un homme !), ce qui me laissa un peu désarmée, je fut happée par la non-moins jolie mais vachement moins intéressante fille du début de la soirée.
Comment ça s’est terminé ? Et bien comme d’habitude, ma propre couardise n’a eu d’égal que ma propre couardise car je n’ai même pas eu le courage d’aller demander à la jolie brune son numéro. Pourtant je n’avais qu’une envie toute la soirée c’était de lui murmurer dans l’oreille qu’elle me plaisait beaucoup… Mais non je n’ai rien dis. Et j’ai finit dans le lit de l’autre fille, pour une nuit qui ma foi ne laissera pas grande trace dans ma mémoire je présume. J’ai vraiment fait n’importe quoi, car vu le regard de la brune je suis maintenant persuadé que j’aurais eu ma chance. Mais la brune a finit avec un autre garçon (non mais c’est pas possible ça, qu’est-ce qu’elles leurs trouvent de plus que moi ?), et moi je finit par me ronger les ongles…
Mais il faut toujours que je foire moi-même, toute seule comme une grande, mes maigres chances. Faut vraiment que j’arrête de boire…
]]>Je ne suis pas une de ces fortes à bras aux cheveux courts qui croient que pour être lesbienne il faut ressembler à un homme. Ni de celles qui pensent qu’il faut choisir son camp : active ou passive. Non mais franchement même chez les hétéros la fille est pas tout le temps sous son mec en attendant que les cinq minutes soient terminées (désolé les garçons, mais cinq minutes c’est mon estimation optimiste), elles prennent les devant aussi, et ça alterne et ça varie. Alors si même les hétéros font disparaître les rapports de domination, pourquoi nous, lesbiennes, ont devrait en créer de nouveaux, qui soient encore plus ridicules ?
Vous l’aurez compris je suis de celles qui se posent des questions, qui réfléchissent et qui n’acceptent pas les choses comme ça toutes cuites, sans les disséquer. Je suis une fille qui cherche, qui expérimente, qui s’amuse, qui rigole, pleure, s’agite, s’impatiente, s’énerve et boude. Une fille qui vit !
J’aime les papouilles, la tendresse, le partage, le sexe, les amies, les longues discussions sur le monde et tout ce qui ne sert à rien parce que de toutes façons on sortira jamais nos fesses de nos canapés douillets pour changer quoi que ce soit. J’aime m’engueuler au sujet de détails insignifiants de films et d’artistes, embraser une discussion en lancant un sujet enflammé sans le moindre intérêt, provoquer les gens. C’est rigolo. Mais si on n’était pas passionné-e-s par ces sujets, on dirais quoi ? Nos discussions seraient tristes et plates. Il faut de la vie, de la sueur, des cris, des larmes et de la cyprine !
Il me faut tout ça pour me sentir en vie, et me dire que ça vaut le coup de rester ici, parmi vous, et aimer vous regarder déambuler dans les rues. Moi je me sens étrangère à tout cela, un peu hautaine et on me le reproche souvent, mais c’est comme ça que je ressens mon rapport à ce monde. Que ça plaise ou non, je m’en fiche complètement.
Je suis une mandragore, je sors de terre, je suis magique et légendaire, mais ma vie est parfois plutôt pathétique et parfois fragile comme verre. Je vais tenter de vous raconter ça comme je le pourrais. Je suis une mandragore et ceci est mon journal ! (Hé hé ça fait classe comme ça hein ?)
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