Le journal d'une mandragore

Ce que j'aime c'est...

Ce que j’aime chez toi c’est quand tu oublie que je suis là, que tu ne te rappelle plus qui je suis et ce que je fait là. Quand je suis étrangère. Inconnue de ta mémoire. Que je peux te séduire à nouveau. Prendre le temps de me faire douce et suave pour que tu te plies devant moi. J’aime quand tu cries, que tu t’épuises, la tête bloquée sous mes cuisses, prisonnière sans aucune autre issue que de m’obéir. Je pourrais rester des jours comme ça, à genoux sur ton plancher pendant que tu reste cachée sous moi.

Ce que j’aime chez toi c’est quand tu n’es pas là. Que je me sens libre. Que j’invite mes amies, mes maîtresses, et parfois même des hommes. Quand tu reviens, que tu vois les taches sur les draps et que tu ne comprends pas.

Ce que j’aime chez toi c’est ta laideur. Tu n’en trouvera jamais d’autre que moi, personne n’en voudrait, d’une fille comme toi. Pas même un garçon. Et tu le sais bien. Parfois tu reviens pleurer sur mes seins et je t’engueule. Je trouve que je suis déjà assez bien gentille avec toi. De te laisser dormir avec moi. De te laisser faire le ménage et la vaisselle pendant que je suis sortie.

Ce que j’aime chez toi c’est savoir que je n’ai pas besoin de toi, mais toi de moi. Tu sais que tu es dépendante, que je suis la seule, la pire et la meilleure, de tes amies, de tes amantes. Je suis ta famille, tes relations sociales au grand complet. Tu es tellement effrayée à l’idée de la solitude que tu acceptes sans remuer tout ce que je veux, tous mes caprices, mes colères, les coups et les insultes.

Ce que j’aime c’est quand je fait semblant de pleurer quand une fille que je baisais ne veux plus me voir. Tu viens me réconforter et je t’envoie chier, et je me sens en extase.

Ce que j’aime chez toi c’est que je ne t’aime pas en fait.

Alors pourquoi est-ce que je me sens si seule depuis que t’es partie ?